Lydie Arickx

Exposition à la Galerie Polad-Hardouin du 5 juin au 20 juillet 2008

Même si nos corps de chair souffrent, se jalousent, s'épient, s'envient; même si nos désirs nous poussent à croire que le monde entier joue contre nous; oui même si nos corps se frappent, se griffent, s'étranglent et se crucifient, la force d'amour que leur oppose Lydie Arickx est encore bien plus grande : elle est comme la vague qui, venant frapper le rocher, ne trouve de repos qu'une fois l'obstacle détruit.

De l’ivresse en peinture

Les toiles de Lydie Arickx sont une élégie de la vie assumant ses pertes; une iconologie païenne de la chair meurtrie. C'est indéniable, il y a, dans chacune de ces toiles, une force de vie, une foi impondérable dans la vie, même quand celle-ci semble soulevée d'horreur; car cette horreur, cette sensation atroce et insupportable qui traverse les chairs, Lydie Arickx ne la montre jamais comme un spectacle qui lui serait extérieur, mais comme un monde qu'elle habite et qu'elle transfigure de sa propre puissance – de sa propre ivresse.

« Tellement j'ai faim...» s'écrie Lydie Arickx, tellement j'ai foi en la vie... La puissance de sa peinture réside dans cette contradiction glorieuse où les corps s'affirment envers et contre les forces qui les nient; Lydie Aricks affronte la souffrance, la malaxe, la tord dans tous les sens en y apportant un supplément d'âme. Contre le devenir supplicié des chairs, Lydie Arickx peint l'assomption de corps ouverts sur l'infini.

Au dos de la nuit - Lydie ArickxCorps et biens - Lydie Arickx

Mais pour atteindre à un tel quantum de force; à une telle affirmation, Lydie Arickx a dû se battre contre elle-même, apprendre à dépasser ses peurs pour se regarder en face. Il y a quelques années encore, ses peintures représentaient des corps cherchant à s'isoler de la matière. Il s'agissait alors pour elle de peindre des lignes repliés; des corps encapsulés à l'intérieur de leur matière.

Mais aujourd'hui, à l'heure où sonne le grand midi, les corps osent enfin se dissoudre dans la matière sans pour autant se perdre en elle. Ouvrant progressivement les lignes dures de leurs contours, ils s'imbibent de tous les accidents qui les déforment, aspirent à eux les moindres particules d'espace. Ce n'est désormais plus seulement le corps qui lutte pour sa survie, mais toute la nature souffrante qui sombre dans un délire d'empathie universelle.

Frédéric-Charles Baitinger

Artiste

Lydie Arickx vit et travaille en France. Elle est Chevalier de l’Ordre National des Arts et Lettres.

fr.wikipedia.org/wiki/Lydie_Arickx