Pierre Monestier

Exposition à la Galerie Artegalore du 18 Septembre au 15 Novembre 2008

Peuplées de monstres, d'astronautes, de femmes-en-jupes et d'homme-poissons, les œuvres de Pierre Monestier ressemblent à des fantasmes où le sens de la réalité se perd dans la fiction. Ut pictura Poesis disait Horace : telle la poésie, telle la peinture. Mais entre ces deux sœurs jumelles que le délire unit, l'analogie ne peut jamais être complète. Car dans toute image une part d'ineffable résiste. Et c'est cette part d'ineffable que tentent de mettre-en-scène les toiles de Monestier.

De l'autre côté du miroir

D'abord happé par la douceur des touches et le traitement réaliste des figures, notre œil glisse à leurs surfaces avant de s'y enfoncer comme dans un rêve. Mais est-ce vraiment un rêve ? En elles, les figurent s'attirent et se repoussent, les perspectives s'affolent et fuient toute profondeur – et pourtant; chaque élément semble y être à sa juste place, chaque couleur y posséder sa complémentaire - ici l'ombre, là la lumière - jamais encore un tel degré de vraisemblance n'avait abrité tant de mystère.

Comme Lewis Carroll décrivant l'univers magique d'Alice, Pierre Monestier peint l'apparence d'un monde mouvant où passé, présent et futur se coagulent en un instant unique. Dans le tableau Histoire sans parole n°2, par exemple, il n'y a pas moins de trois espace-temps différents qui s'entremêlent – chacun étant lui-même relié aux autres par de multiples jeux d'échos.

Au centre de la toile il y a le monstre à demi enterré dans un trou et qui tient dans ses mains un objet rouge-orangé. Peut-être est-ce un morceau de chair ou une amorce de nez (O cet obscur objet nommé désir ) ? Sa couleur en tout cas fait signe vers la robe que porte la femme et trace ainsi comme une ligne verticale au centre du tableau.

La Révolte - Pierre MonestierNouvelle espèce n°1 - Pierre Monestier

Du côté droit, l'homme regarde les tentacules du monstre qui se dirigent vers le corps de la femme tandis que celle-ci détourne son regard vers le dehors. Les trois personnages forment ainsi un triangle (allant de l'homme à la femme en passant par le monstre) que le regard fuyant de la femme rend discontinu sur l'un des côtés.

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Il serait tentant ici de comparer la relation triadique entre l'homme, la femme et le monstre à la manière dont René Girard parle du désir : « La ligne droite est présente dans le désir, mais elle n'est pas l'essentiel. Au-dessus de cette ligne il y a le médiateur qui rayonne à la fois vers le sujet et vers l'objet. » Mais cette analyse n'épuise pas encore tous les sens du tableaux puisqu'il faudrait pouvoir y intégrer non seulement la présence des petits astronautes drapés de bleu; mais aussi le corps du chien coupé en deux reliant le ventre de la femme à la pelle qui seule pourrait finir d'enterrer le monstre.

Ainsi donc, plus nous nous perdons dans la contemplation des œuvres de Monestier, et plus le sens de leurs compositions devient obscur. Empiétant sur nos propres désirs, elles nous entraînent à leur suite de l'autre côté du miroir, là où leurs fantasmagories se changent en jeux herméneutiques et nous, en interprète de leurs mensonges.

Frédéric-Charles Baitinger

Artiste

Pierre Monestier est un artiste français qui vit et travaille à Paris.

www.artegaloregallery.com
Lieu d'exposition

Artegalore

Histoire Sans Parole

du 18 Septembre 2008 au 15 Novembre 2008

14 rue du Moulin Joly – 75011 Paris - Métro : Belleville ou Couronnes

www.artegaloregallery.com