Bosselin

Paracontemporain ?

Si l'art contemporain, depuis Marcel Duchamp au moins, est devenu le grand fossoyeur de l'Esprit, cela ne veut pas dire pour autant que l'art, comme tel, est mort - et qu'il ne lui est plus possible de servir une vision moins opaque du monde. Car en marge de la confusion qui règne sur les hauts plateaux de la post-modernité, existent encore – cachés et silencieux - des êtres pour qui l'acte de création se confondra toujours avec ce que la liturgie appelle : un sacrifice de louange. Autrement dit : une oeuvre qui, pour révéler la beauté du monde, fait - au moins implicitement - mémoire de son Créateur.

Paracontemporain ?

« Je travaille opiniâtrement, j'entrevois la Terre promise! Serais-je comme le grand chef des Hébreux ou bien pourrais-je y pénétrer? (…) L'art serait-il en effet un sacerdoce, qui demande des purs qui lui appartiennent tout entiers ? »Paul Cézanne

Contre la logique de la transgression – logique qui caractérise en propre l'art contemporain et qui porte en elle les germes de son auto-supression – l'oeuvre de Bosselin s'inscrit dans le prolongement d'une tradition pour qui la nouveauté à tout prix n'est qu'une fausse valeur, une idole. Que ce soit dans ses peintures, dans ses dessins, et peut-être plus encore, dans ses vitraux, cet artiste ne cherche pas à inventer de nouvelles formes – mais à retrouver, envers et contre le nihilisme qui ronge de l'intérieur notre époque, cette part de transcendance sans laquelle toute tentative de création reste une coquille vide, voir un labyrinthe ou se perd l’ entendement.

«Le monde n'est pas une parole vide, il y a un sens en lui, et ce sens se voit partout et perce comme un rayon de lumière à travers l'absurdité qui le recouvre.» (Vladimir Soloviev, Les fondements de la vie spirituelle).

Tempête - BosselinHangar de la gare I - Bosselin

Médiation visuelle sur le corps diaphane du monde, ces oeuvres rendent à la peinture ses vertus théologales : bien loin de venir frapper avec rudesse notre imagination - comme peut le faire une grande partie de la peinture figurative d'aujourd'hui - elles nous invitent, au contraire, à plonger dans leur mystère, pour que nous puissions, à notre tour, éprouver dans notre chair le sens de leur dévotion. Venit ipsa similitudo, venit imago Dei invisibilis. Telle est la formule qui pourrait décrire avec le plus de justesse la portée de ces images. Car il est bien clair que par delà leur classicisme apparent, ces toiles ne désirent qu'une seule chose : nous aider à traverser le miroir – à l' instant où l'univers visible manifeste une plénitude et nous révèle, à travers la familiarité de ses formes, les forces invisibles qui le sous-tendent.

Tantôt caché dans les ombres d'un sous-bois, tantôt tapis dans la solitude d'un entrepôt ou d'un hangar, quelque soit les lieux et les formes que Bosselin approche, ce n'est jamais à leur contenu explicite qu'il s'intéresse mais à ce qu'il y a en eux de plus subtil et de plus insaisissable. A savoir : ce qui les traverse et les transcende. Ne nous étonnons pas, dès lors, que ce soit dans l'exploration de la peinture sur verre et du vitrail que son talent ait trouvé un médium conforme à son inspiration. Car le vitrail ne laisse pas seulement passer la lumière tout en la manifestant, mais il donnent aussi aux couleurs leur intériorité et aux figures qu'il supporte la possibilité d'apparaître hors du temps.

Frédéric-Charles Baitinger

Artiste

Bosselin est un artiste français qui vit et travaille en pays de Caux (Normandie, France).

www.bosselin.net