Erwin Olaf

Exposition à la Galerie Magda Danysz du 5 avril au 17 mai 2008

Le silence parle à qui sait l'entendre. Il est l'âme de la nuit et plus encore : il est le souffle où l'esprit plein d'angoisse vient puiser sa force. Les photographies d'Erwin Olaf ne sont pas seulement des icônes; ce sont aussi les filles du non-dit dans lequel se perd le langage.

La voix du silence

Du deuil à la mélancolie, il n'y a souvent qu'un pas; qu'une tentation subtile d'accompagner dans son retrait celui qui n'est plus. A l'image d'Orphée voulant ramener à la vie Eurydice, Erwin Olaf met en scène des personnages qui souffrent d'un manque et ne veulent pas s'en défaire. Prisonniers d'espaces teintés de souvenirs, ils errent au hasard ou s'arrêtent comme happés par le vide. En eux, le temps et les rêves se sont suspendus. On pourrait croire qu'ils attendent mais ce serait là se méprendre. Dans leur passivité morbide se cache en réalité une action : le combat inégal de leur moi contre l'ombre d'une tombe.

Irene - Erwin Olaf

Les tics tacs de la pluie sur les carreaux d'une fenêtre. Le voile gris des rideaux entre leurs chambres et le ciel. Dans chaque élément du décor se réfléchit l'obsession qui les hante; la peste contagieuse qui les divise et les perd. Seuls, ils partagent pourtant quelque chose d'essentiel : la ressemblance parfaite de leurs peines. Un même air contrit fixe leur visage; une même nostalgie abstraite les endeuille; A les regarder longuement on ne peut s'empêcher de voir en eux l'image parfaite de la victime innocente.

Ou bien peut-être est-ce nous qui cherchons à nous dérober en les pensant telles. Car après tout, elles peuvent tout aussi bien être coupables et porter l'entière responsabilité de leur mélancolie.

De la mort qui nous frappe à l'acceptation de sa venue se tient le défi que lance la nature à notre désir : l'école des souffrances sans laquelle nous ne pourrions jamais devenir réfléchit.

La mort n'est pas seulement un évènement qui viendrait nous frapper de l'extérieur, mais une invitation à prendre au sérieux son enseignement. Comme l'écrit si simplement Kierkegaard, « La mort vaque à son oeuvre dans la vie; elle ne va pas à l'aventure comme s'imagine le craintif (...). Non; elle dit : Je suis là; et si quelqu'un veut apprendre de moi, qu'il vienne. » (Sur une tombe, S. Kierkegaard)

Victoria - Erwin Olaf

Voilà pourquoi les personnages d'Erwin Olaf, par-delà l'infini tristesse qui les caractérise, semblent aussi nous chuchoter à l'oreille un message renversé : et si derrière le sérieux de leur peine se cachait le sérieux véritable : l'effet que produit sur une âme le travail répété de la mort; non pas comme événement physique, mais comme transfiguration de la pensée.

Frédéric-Charles Baitinger

Artiste

Erwin Olaf vit et travaille en Hollande.

www.erwinolaf.com
Lieu d'exposition

Galerie Magda Danysz

Grief

du 5 Avril 2008 au 17 Mai 2008

78, rue Amelot - Paris 75011 - Métro : Filles du Calvaire

www.magda-gallery.com